Les ZFE … un sujet ultrasensible
Selon le projet initial, 43 agglomérations de plus de 150000 habitants doivent basculer dans le concept ZFE. Pour l’instant, elles sont peut à s’être lancées, entre autres Paris, Lyon, Grenoble à des calendriers qui leur sont propres. Il y a quelques mois le sénateur des Alpes-Maritimes (LR) Philippe Tabarot, rapporteur de la mission de contrôle sur les ZFE, s’inquiétait « On a eu la question des gilets jaunes parce qu’on touchait à la voiture. Là aussi on touche à la voiture, donc on ne peut pas ne pas y voir une similitude et nous ne voulons pas en arriver là » on ne veut pas en arriver là. De ce fait, il faut de la concertation, car nous n’avons vraiment pas l’envie de créer une bombe sociale supplémentaire alors qu’il en existe déjà un certain nombre … ». Les mois passent, le sujet reste entier !
Il faut dire que le Sénat avait lancé une consultation sénatoriale auprès des citoyens. Elle a rencontré un franc succès avec plus de 51.300 réponses en moins d’un mois. Au total, 86 % des particuliers et 79 % des professionnels ayant répondu à la vingtaine de questions posées par les sénateurs se disent ainsi opposés au déploiement des ZFE. Parmi les répondants, 93 % sont des particuliers et 7 % des professionnels. « Il s’agit d’une mesure technocratique qui de surcroît crée une véritable rupture d’égalité d’accès au centre-ville selon que vous soyez aisé ou non » pouvait-on lire parmi les témoignages.
Partant de ces constatations, il était évident qu’il fallait reprendre les discussions sur des bases tenant compte non seulement des inquiétudes mais aussi des avis venant des équipes des villes concernées. Pourtant, au mois de juin 2023 Christophe Béchu, ministre de la transition écologique, tout en recevant les travaux du comité de concertation qu’il avait mis en place en janvier pour réfléchir sur la mise en œuvre des ZFE, en avait profité pour assurer que seules cinq agglomérations auraient finalement l’obligation de continuer à durcir les restrictions. Il s’agit de Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg et Rouen, dont la pollution de l’air continue à dépasser les seuils actuellement en vigueur … en ajoutant « le but de ces ZFE n’est pas d’ennuyer les Français » en souhaitant éviter des rumeurs sur les exclusions sociales qui se multiplient.
C’est alors que les maires des villes concernées prenaient la parole comme Jean-Luc Moudenc à Toulouse « Notre obsession a d’abord été d’aider nos concitoyens à avoir les moyens d’être acteurs de cette transition plutôt que de subir les contraintes et d’éprouver l’impossibilité de financer l’achat d’un véhicule qui réponde aux normes » suivit par Anne-Marie Jean, la vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, également membre du comité de concertation intégrant les 43 agglomérations concernées ou susceptibles de l’être. Il propose d’instaurer des dérogations pour les petits rouleurs, de doubler les aides d’Etat qui concernent les ménages modestes, ou encore de permettre, grâce aux aides, d’acheter un véhicule d’occasion.
Le temps passe et le gouvernement cherche une sortie à la fois efficace pour l’écologie et acceptable par les citoyens. En effet, toucher à la voiture en France relève toujours du casse-tête. Le risque de voir resurgir des gilets jaunes hante toujours les politiques. A la demande de la Première ministre, Barbara Pompili, ancienne ministre de l’Ecologie, s’est penchée sur le dossier et elle a rendu sa copie au mois de septembre 2023. Elle a d’abord étudié des exemples à l’étranger, mais finalement particuliers, entreprises et élus locaux restent inquiets. Les projets mal nés et mal expliqués ne passent plus même si à Bruxelles, Milan, Madrid, Amsterdam ou d’autres les zones à faibles émissions sont en place. « Ces exemples illustrent la faisabilité de l’exigence légale française d’instituer pour les véhicules diesel légers la norme minimale Euro 4 en 2024 et Euro 5 en 2025, dans les ZFE des villes où les règles de qualité de l’air ne sont pas respectées de façon régulière » commente Christophe Béchu tout en reconnaissant que le vrai sujet, lit dans le rapport est moins le cœur des ZFE que leurs périphéries. Les difficultés se rencontrent d’abord en bordure de ces zones, quand il n’y a pas ou peu de transports en commun, donc pas de solutions alternatives à la voiture ». C’est une situation rencontrée à Londres. Cela fait dire à Barbara Pompili que le contexte est ultrasensible. Le sujet « donne lieu parfois à des informations peu objectives, voire relevant de la désinformation », reconnait-elle. Les entreprises comme les particuliers « peuvent être inquiets des contraintes à venir pour leur mobilité au quotidien ». Mais, selon elle, les mises en place dans d’autres pays lui permettent d’assurer « Les ZFE, c’est possible ! » … Nous suivrons donc ce sujet « ultrasensible » !